2024-01-21 21:14:10
En une journée avec lui, nous découvrons beaucoup sur son métier de conducteur de Véhicule de Tourisme avec Chauffeur.
Il est 05h, ce mercredi 26 avril 2023. La nuit s’évanouir sur Abidjan pour faire place à l’aurore qui pointe avec la pluie. C’est l’heure pour certains travailleurs d’entamer leurs activités. Honorat Mah, chauffeur de taxi à Heetch-Côte d’Ivoire, la trentaine, fait partie de ces lève-tôt. Ce matin pluvieux, il sort de la maison dans l’espoir de passer une excellente journée. Il se rend au parking auto, à quelques mètres de son domicile situé derrière le dépôt 9, dans la commune d’Abobo, pour récupérer son matériel de travail, une voiture. Premier réflexe pour ce conducteur de VTC : souscrire des offres internet et appels. Second réflexe, se connecter au GPS via l’application de l’entreprise pour avoir de la clientèle. Ces actes posés de façon mécanique, c’est parti pour la longue journée de travail d’Honorat au volant.
Très vite, ce jour, l’homme reçoit une commande qui lui signale qu’un client a besoin de son service. Il valide la notification et, « Ring ring ! », son téléphone se met à crépiter. Honorat décroche. Au bout du fil, la voix d’une femme : « Allo ! bonjour, c’est le chauffeur de taxi Heetch ? Je viens de passer une commande ; je me trouve actuellement au quartier Plaque-Anador. J’aimerais me rendre à Treichville-Canal aux-Bois ». Le chauffeur valide la course. Direction, Abobo Plaque-Anador. Son véhicule suit minutieusement le trajet indiqué par le GPS jusqu’au lieu où se trouve la cliente.
La jeune femme est vêtue d’un tee-shirt rose et d’un pantalon noir. Elle est coiffée d’un foulard. Elle s’approche du taxi VTC qui vient de stationner. Dame Vanessa Kuibehon, c’est le nom de la cliente, s’installe à l’arrière de la voiture. Honorat notifie, sur l’application, qu’il a récupéré la cliente et lance la course vers sa destination. « C’est la routine pour tous conducteurs de Heetch-Côte d’Ivoire jusqu’à la descente, entre 23h et minuit », indique le chauffeur, l’air résigné. Sous son siège en cuir, se trouve une bouteille de 150 cl remplie d’eau et de plante médicinale qu’il boit toutes les deux heures de temps. « C’est du ‘’Djeka’’, je le prends pour prévenir la maladie. On est assis toute la journée, on n’a pas de repos et cela nous cause souvent des soucis de santé. Je ne me repose que tous les lundis », explique le chauffeur avec un sourire léger.
La deuxième commande de cette journée provient de Port-Bouët. Le client se trouve à plus de 10 km de lui. La commande est validée pour un nouveau service dans la commune balnéaire via le GPS. Cependant, en plein trajet, le conducteur rencontre des bouchons qui risquent d’empiéter sur la course. « Ces bouchons vont me faire perdre le client », peste-il. Déjà, son portable sonne et c’est la voix grave d’un homme qui semble être le client : « Allo ! Monsieur, vous êtes où ? ça fait 30 min que je vous attends », dit-il avec colère. « Je ne suis pas loin, je serai là dans 5min », répond le chauffeur pour rassurer son client impatient. Peine perdue, à quelques encablures du lieu de rendez-vous, Honorat se rend compte que le nouveau chaland a annulé la course. Déçu, il désactive la commande et attend un autre client, tout en roulant vers une destination inconnue.
Ces genres de situation sont récurrentes dans le monde des VTC. « Je fais face à ces genres de difficultés au moins 15 ou 20 fois dans la semaine, ce qui empiète parfois mon objectif d’au moins 100 voyages dans la semaine », soupire M. Mah. Malgré ces coups, il se retrouve avec une recette variant de 40.000 à 70.000 FCFA par jour. En fin de semaine, Heetch récupère sa part sur les recettes journalières du chauffeur (18 %) et lui fait des bonus sur ses prochains de rechargement en fonction du nombre de clients transportés. Chaque fin de mois, son gain propre tourne autour de 200.000 FCFA.
Il est 23h. La journée d’Honorat est terminée. L’homme se charge de renouveler le carburant du véhicule et de faire laver la voiture avant de l’envoyer au parking.