Philippe Eponon, entrepreneur en BTP : « Dans la construction des routes, nous portons un intérêt croissant »


/
Par Benjamin Soro PIECHI
Mis à jour le 2024-06-16 00:11:58




. Monsieur le Président, comment se comporte le secteur des travaux publics, spécialement du côté des routes, en Côte d’Ivoire ?

   Ces dernières années, la Côte d’Ivoire a entamé un développement significatif dans le domaine des infrastructures, avec des projets de plus en plus complexes. Les infrastructures étaient pratiquement en ruine et l’État a consenti d’importants investissements dans ce secteur, ce dont ont bénéficié toutes les entreprises. Le secteur est en pleine évolution.

  • Comment les entreprises membres du GIBTP s’organisent-elles actuellement pour obtenir leur part de marché dans la réalisation des routes ?

   Il y a une dizaine d’années, le manque d’entreprises locales capables de réaliser de tels travaux était notable, ce qui suscitait des préoccupations de la part de l’État. Face à cette situation, l’Etant ne pouvant retarder l’exécution de son programme était contraint de faire appel à des entreprises étrangères. Parallèlement, pour s’engager dans une trajectoire de développement, les entreprises locales élaboraient des stratégies afin de se positionner sur ces chantiers. Une problématique émergeait ainsi, nécessitant une solution. Il est crucial que chacun veille à ses propres intérêts.

  • Avez-vous appelé les entreprises membres de votre groupement à former des consortiums avec de grandes entreprises européennes ou d’Afrique du Nord ?

   La plus solide des entreprises, capable d’assumer les travaux, comprend que dans une perspective de développement international, s’associer à une entité locale revêt une importance cruciale pour résoudre les problèmes locaux. La réalisation d’un projet implique de nombreux paramètres, et c’est dans cet esprit que les entreprises du monde entier cherchent à s’associer avec des partenaires internationaux pour bénéficier de leur expertise. C’est là toute la raison d’être d’un partenariat, pouvant prendre la forme d’un consortium. Ce dernier peut être constitué sur la base d’un projet, sans dispositions réglementaires spécifiques, reposant essentiellement sur la confiance et nécessitant un cadre de fonctionnement clairement défini.

  • Sur quoi doit reposer cette confiance pour mieux réagir ?

La création de groupements vise à générer des intérêts et des bénéfices, la réussite étant conditionnée par la résolution des éventuels litiges à leur source, cela implique de formaliser par écrit les accords conclus. En cas de défaillance d’un partenaire, il incombe à l’autre de pallier cette lacune.

   La réussite d’un groupement repose donc sur la gestion efficace des différends à leur origine. Une attention particulière doit être accordée à la répartition des responsabilités et à la prise de capital, afin d’éviter tout conflit potentiel. Il est donc primordial de consigner par écrit toutes les perspectives envisagées.

  • Envisagez-vous de vous développer dans d’autres domaines ?

Nous envisageons de nous tourner davantage vers l’industrie routière. Pendant trente ans, le commerce de béton préfabriqué était entre les mains d’une seule société ivoirienne. Or les sous-produits du béton sont utilisés dans la construction de routes et nous portons un intérêt croissant à ce secteur. Nous avons donc investi massivement dans des équipements de production de béton préfabriqué. C’est un secteur que nous envisageons de développer car, d’une part, ces produits peuvent être utilisés dans le cadre des aménagements urbains, et d’autre part, notre clientèle du secteur de l’industrie routière ne cesse de croître. L’aménagement des terrains urbains et l’industrie routière constituent donc les deux secteurs sur lesquels nous nous appuyons pour faire grandir notre société.

  • Pouvez-vous nous donner des exemples de grands projets auxquels vous avez participé ?

Nous avons débuté notre activité en nous concentrant sur les pistes en terre car c’est le secteur offrant les marges les plus élevées. Nous nous sommes ensuite tournés vers les voies express et avons par exemple réalisé la voie express de Vridi Port-Bouët. Nous avons ensuite participé à la construction de la station de péage de l’autoroute du Nord. Actuellement, nous travaillons sur un projet s’élevant à environ 20 millions d’euros pour la construction d’une nouvelle route à 100 km d’Abidjan. En génie civil et assainissement, nous avons construit 1 600 km d’égouts à 7 mètres de profondeur. Ce sont quelques-uns des grands projets que nous avons réalisés en 6 ans.

  • En termes de certification et de normes de qualité, sur quoi pouvez-vous vous appuyer pour gagner la confiance de vos interlocuteurs ?

Lors de la création de notre société, nous avons veillé à engager des ingénieurs qualité et des responsables de sécurité environnementale afin de bien préparer le processus de certification en matière de qualité et de responsabilité sociétale environnementale. Cela constitue un avantage significatif, car dans les appels d’offres, les bailleurs de fonds commencent à imposer des normes strictes en matière de qualité et de gestion environnementale et sécuritaire des projets. La qualité demeure la première référence de notre entreprise, mais la conformité à la norme internationale représente le meilleur moyen d’attester officiellement notre engagement envers nos clients et nos donneurs d’ordres. Bien que nous ayons établi dès notre création un cadre pour la qualité, l’hygiène, la sécurité et l’environnement, il était crucial de formaliser nos efforts pour que nos clients sachent que notre entreprise respecte désormais toutes les normes en vigueur. Nous avons donc récemment sollicité un organisme international accrédité pour entamer le processus de certification de notre entreprise. Cette certification nous permettra de renforcer la confiance de nos clients et constituera un avantage concurrentiel.

Interview réalisée par

 

....................

 

ENCADRE

Le réseau routier ivoirien en chiffres…

   La Côte d’Ivoire dispose d’un réseau routier classé linéaire d’environ 82 000 kilomètres dont 8 100 kilomètres de routes interurbaines revêtues. Au total, selon le gouvernement, ce sont plus de 3 000 milliards de francs CFA qui sont investis depuis 2011 pour la construction, l’extension et la modernisation du réseau routier, avec autant d’investissements réalisés.

De 2012 à 2023, l’Etat de Côte d’Ivoire a engagé plus de 1 700 milliards de francs CFA de travaux financés par le Fonds d’Entretien routier (Fer) sur toute l’étendue du territoire national, améliorant de façon considérable l’état du réseau ainsi que les conditions de circulation des biens et des personnes, même dans les zones les plus reculées.

Ange ZADI

......................

ENCADRE

Cartographie du réseau routier du District d’Abidjan

COMMUNE

LINÉAIRE VOIRIE BITUME

LINÉAIRE VOIRIE EN TERRE

LINÉAIRE TOTAL VOIRIE

1

ABOBO

173,18

383,91

557,1

2

ADJAME

86,25

24,37

110,6

3

ANYAMA

70

388

458,0

4

ATTECOUBE

30,54

35,00

65,5

5

BINGERVILLE

137,30

377,60

514,9

6

COCODY

482,16

124,51

606,7

7

KOUMASSI

70,19

78,39

148,6

8

MARCORY

125,38

81,27

206,6

9

PORT-BOUET

81,84

306,35

388,2

10

PLATEAU

39,26

 

38,4

11

SONGON

106,40

114,69

221,1

12

TREICHVILLE

98,68

9,86

108,5

13

YOPOUGON

267,20

371,75

639,0

Émeline N’DRI et Julien APPIA

Benjamin Soro PIECHI Retour 125 vues

Partenaires